Infos sur la Baie Missisquoi

Un rapport du ministère du Développement durable et de l'Environnement confirme la très mauvaise qualité de l'eau de la baie Missisquoi


« Les résultats de l’IQBP oscillent entre les classes "douteuse" et "très mauvaise" dans le secteur ouest du bassin, aux stations situées sur la rivière aux Brochets et ses tributaires de même que sur la rivière de la Roche. Ils confirment les problèmes importants de pollution résiduelle qui persistent dans la zone la plus agricole et la plus populeuse du bassin, en dépit des interventions d’assainissement urbain et agricole. »
(État de l’écosystème aquatique du bassin versant de la baie Missisquoi, p. 6; carte, p. 9
IQBP : Indice de qualité bactériologique et physico-chimique de l’eau)


La Direction du suivi de l’état de l’environnement du MDDEP vient de publier un rapport accablant sur l'état de l’écosystème aquatique du bassin versant de la baie Missisquoi. Fondées sur des études scientifiques effectuées de 1979 à 2004, ses conclusions sont sans équivoque et ses recommandations, on ne peut plus claires. Nous en donnons ici un aperçu en soulignant les aspects qui nous apparaissent les plus importants. Référence : SIMONEAU, M., État de l’écosystème aquatique du bassin versant de la baie Missisquoi, ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, Direction du suivi de l’état de l’environnement, juin 2007, 18 pages.

LES CONCLUSIONS DU RAPPORT

  • « En dépit des interventions d’assainissement effectuées et d’une certaine amélioration de la qualité de l’eau, les données physico-chimiques récentes des cours d’eau du secteur ouest révèlent que la qualité varie de "douteuse" à "très mauvaise".

  • C’est la forte concentration des activités agricoles dans cette partie du bassin, à proximité de la baie, qui est à l’origine des problèmes de pollution diffuse qui affectent la qualité de l’eau de la baie et des cours d’eau qui s’y déversent.

  • La mauvaise qualité de l’eau de la baie est exacerbée, depuis quelques années, par des floraisons (blooms) de cyanobactéries (algues bleu-vert) qui limitent vraiment la pratique des activités récréatives pour lesquelles il y a un contact direct avec l’eau.

  • Cette situation porte un dur coup à l’économie locale qui mise beaucoup sur le fort potentiel récréotouristique de la baie Missisquoi en période estivale. »

LES RECOMMANDATIONS DU RAPPORT

  • Pour obtenir une eau de qualité dans la baie Missisquoi, il faudra poursuivre les interventions d’assainissement urbain dans les deux municipalités du bassin qui possèdent déjà un réseau d’égouts. On devra aussi vérifier la conformité des installations septiques résidentielles, commerciales et institutionnelles.

  • Toutefois, compte tenu de l’importance relative des sources de pollution visées, la solution aux problèmes de qualité d’eau de la baie et de ses tributaires devra continuer de cibler prioritairement les sources diffuses de pollution, qui sont majoritairement agricoles, par l’adoption généralisée de bonnes pratiques agroenvironnementales.

  • La qualité des eaux de la baie Missisquoi revêt une grande importance, puisqu’en plus d’offrir une gamme d’usages récréatifs, ce plan d’eau alimente deux municipalités en eau potable, soit Bedford et le secteur Philipsburg de Saint-Armand.

LES PRINCIPALES OBSERVATIONS CONTENUES DANS LE RAPPORT

Pollution d'origine municipale
Parmi les 18 agglomérations susceptibles de déverser des eaux usées dans le bassin, dix sont munies d’un réseau d’égouts dont huit sont maintenant desservies par un total de six stations d’épuration. Seules les municipalités de Notre-Dame-de-Stanbridge et d’Abercorn sont actuellement en attente d’une station d’épuration. Le bon fonctionnement des stations d’épuration des municipalités du bassin permet le respect des exigences. Cependant, les débordements occasionnels des ouvrages de surverse en période de forte pluie ou de fonte des neiges constituent un problème persistant. Ces sources ponctuelles continuent de contribuer à la pollution résiduelle des cours d’eau.


Pollution d'origine industrielle
L’indice de pollution ponctuelle émanant des sources industrielles est peu documenté dans le bassin de la baie Missisquoi comme partout ailleurs dans la province. Le dernier bilan remonte à 1991. À l’image des rejets municipaux, les rejets industriels non traités et, dans une moindre mesure, les rejets traités contribuent à la pollution résiduelle des cours d’eau.


Pollution d'origine agricole
Le Comité interministériel de concertation sur la baie Missisquoi a proposé des mesures dans le cadre des programmes et de la réglementation actuellement en vigueur. Bien que plusieurs interventions aient été menées jusqu’à présent, il n’existe toutefois pas encore de bons indicateurs qui permettent de quantifier les efforts déployés et d’établir l’importance relative de ce qui a été accompli ou, en contrepartie, ce qu’il reste à accomplir à l’échelle du bassin.


Présence de pesticides dans l'eau
Bien qu’ils n’aient pas été mesurés directement dans les cours d’eau du bassin versant de la baie Missisquoi, il est fort probable que plusieurs pesticides couramment utilisés pour la culture du maïs et du soya puissent se trouver simultanément à des concentrations détectables dans les eaux de surface, notamment dans le secteur ouest où sont concentrées les CGI (cultures à grande interligne, comme le maïs, qui présentent des risques relativement élevés d’érosion).


Présence de pesticides dans la chair des poissons
Les toxines des cyanobactéries peuvent s'accumuler dans les tissus des poissons, en particulier les viscères (foie, rein, etc.). Le degré de contamination va dépendre de l'importance des proliférations dans la zone de pêche. La consommation de poisson provenant d'une zone affectée par des proliférations de cyanobactéries doit se faire avec prudence et modération. Il faut surtout éviter de consommer les viscères des poissons.


Impact sur la faune
Une faune abondante et diversifiée, qui comprend des espèces sensibles à la pollution, est indicatrice d'un milieu aquatique en bon état. À l'inverse, une faune pauvre ou peu diversifiée, dominée par des espèces tolérantes à la pollution, est le reflet d'un milieu altéré. Le MDDEP ne possède pas de données sur l’état des communautés de poissons ou d’invertébrés benthiques qui puissent lui permettre d’évaluer l’intégrité biotique des cours d’eau du bassin de la baie Missisquoi.


Présence de cyanobactéries
Les concentrations en phosphore total de la baie Missisquoi surpassent le critère de qualité de l’eau du MDDEP de 20 μg/l établi pour prévenir l’eutrophisation des lacs et des réservoirs. Ces concentrations surpassent aussi l’objectif de 25 μg/l établi par le Groupe de travail Québec-Vermont-New York en 1993 et visé dans l’entente de réduction des charges en phosphore intervenue en 2002 entre le gouvernement du Québec et l’État du Vermont. Or, un surplus de phosphore constitue le facteur prépondérant qui favorise notamment la prolifération des cyanobactéries (algues bleu-vert) et donc la formation de fleurs d’eau (blooms). La baie Missisquoi en est donc affectée depuis plusieurs années. En 2000, la Direction du suivi de l’état de l’environnement, en collaboration avec la Direction régionale de la Montérégie du MDDEP, a commencé un suivi de la problématique des cyanobactéries de la baie Missisquoi. De 2000 à 2004, une trentaine d’espèces de cyanobactéries ont été identifiées. Environ le tiers de ces espèces sont reconnues dans la documentation scientifique comme pouvant être toxiques.


L'évolution des concentrations de phosphore dans la rivière aux Brochets
L’analyse de la série chronologique de mesures de phosphore total colligées de 1979 à 2004 révèle une tendance à la baisse significative sur le plan statistique. Le principal déterminant de la charge [de phosphore] étant le débit de la rivière, le faible effet multiplicateur du débit estival sur les concentrations de phosphore influence peu la charge annuelle. Les concentrations de phosphore augmentent avec le débit de la rivière, ce qui tend à démontrer l’importance des apports de source diffuse qui se manifestent au gré des précipitations et des périodes de fonte des neiges. Les apports de source diffuse demeurent la principale source de phosphore (97 %) qui affecte la rivière aux Brochets et contribue à l’enrichissement des eaux de la baie Missisquoi. En tenant compte des apports diffus naturels estimés à 10,76 kg P/jour, les apports de source anthropique, majoritairement agricoles, représentent 87 % de la charge totale véhiculée par la rivière.


On peut télécharger la version pdf du rapport (896 Ko) sur le site du ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs

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