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Le défi de la CBVBM : faire converger les divergences

Chronique baiemissisquoise
Semaine du 20 juin 2005


Ce qui m'a frappé jeudi soir dernier lors de l'assemblée générale annuelle de la Corporation bassin versant baie Missisquoi (CBVBM), c'est son unicité malgré sa diversité. La CBVBM est un bel exemple de convergence capable de rallier les divergences.

Les membres de la CBVBM ont une seule et même préoccupation : la qualité de l'eau de la baie et des cours d'eau de son bassin versant. Cette unicité contraste avec la diversité de provenance et d'intérêts des membres : la 'corpo', comme on aime la nommer, regroupe des riverains et des terriens de partout sur le territoire du bassin versant (quelqu'un avait fait 2 heures de route pour s'y rendre), de partout et impliqués dans tous les domaines : politique (élus), gouvernemental (professionnels au service de différents ministères), agricole (syndicats de producteurs), commercial et touristique (entrepreneurs), environnemental (groupes de protection), communautaire (groupes sociaux) et simples citoyens. Le seul fait de rassembler des gens aux intérêts aussi divergents autour de la même préoccupation est un exploit. Le défi -- et il est de taille --, c'est de s'entendre sur les objectifs précis à poursuivre et sur les moyens à utiliser pour les atteindre.

L'avant-assemblée :
un désastre dont on aurait pu se passer


L'affaire des poissons morts échoués sur les berges de la baie a permis d'entrée de jeu de prendre la mesure de ce défi. Car si on est unanime sur le fait qu'il s'agit là d'un désastre, on l'est moins sur les causes (désastre naturel ou environnemental) et encore moins sur les moyens de l'endiguer et d'éviter qu'il ne se reproduise.

L'unanimité se manifeste par le même ras-le-bol : les commerçants en ont ras-le-bol de l'effet de ce désastre sur le tourisme local; les environnementalistes en ont ras-le-bol de la pollution qui selon eux fait partie des causes de ce désastre; les citoyens riverains en ont ras-le-bol de ramasser des poissons morts malodorants sur leur bord de l'eau; les gens des ministères en ont ras-le-bol qu'on critique le temps pris pour analyser le phénomène et le temps mis à transmettre les résultats aux médias qui avaient la veille anticipé une catastrophe écologique; les agriculteurs qui font tout leur possible pour être en règle et améliorer leurs pratiques agroenvironnementales en ont ras-le-bol que l'opinion publique et les médias les pointent du doigt comme étant la cause du désastre; les élus en ont ras-le-bol du ras-le-bol de tout le monde.

L'assemblée :
un plan d'action qui fait l'unanimité


Et l'assemblée de la 'corpo' dans tout ça? Après une heure passée à échanger de l'information sur les événements liés aux poissons morts, à émettre des hypothèses, à remettre en question des façons de faire et à en suggérer d'autres, à s'entendre sur ce qu'il faudrait faire la prochaine fois... Le calme après la tempête : la CBVBM enfin put ouvrir son assemblée générale annuelle.

Mot de bienvenue, ordre du jour, procès-verbal de la dernière assemblée, rapport annuel, états financiers, élections... Les étapes habituelles dans ce genre d'assemblée se sont déroulées rondement. On s'est attardé un peu plus longtemps sur le plan d'action proposé pour 2005-2009; pratiquement aucune intervention n'est cependant venue des membres à ce sujet à mon grand étonnement. Une consultation s'ensuivra, où chaque membre pourra indiquer par écrit ce qu'il considère comme prioritaire dans ce plan.

Présentation spéciale :
Mais d'où vient tout ce phosphore?


L'autre gros morceau de la soirée fut une présentation par Jacques Roy, du ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs. Il nous a fait part de la méthodologie et des conclusions d'une étude importante menée à l'échelle du Québec sur la capacité de support des cours d'eau en phosphore. Selon cette étude scientifique basée sur des données statistiques, 93 % des bassins versants en milieu agricole ont un surplus de phosphore dans leurs eaux; le bassin versant de la baie Missisquoi pour sa part contient 15,8 % de phosphore de plus que ce qu'il est capable de supporter (norme : on ne devrait pas dépasser 0,03 miligramme de phosphore par litre d'eau). Et ce phosphore en trop ne provient pas seulement du secteur agricole, loin de là... J'y reviendrai après avoir parcouru toute la documentation à ce sujet.

L'après-assemblée :
un immense défi qui exigera l'implication de toute la population


Je retiens de cette assemblée que la Corporation bassin versant baie Missisquoi a un mandat colossal. Presque comparable à celui du messie à qui on a demandé de changer l'eau en vin. Comparaison à peine exagérée lorsqu'on considère l'importance de l'objectif à atteindre, renaturaliser l'eau de la baie, et le peu d'effectifs qui peuvent s'y atteler à cause notamment de la rareté des moyens financiers disponibles. À cause aussi du manque d'implication de la population environnante qui, malgré de grandes attentes quant à 'son eau', reste passive 9 fois sur 10 dans le processus.

Je retiens enfin que malgré les divergences de vue et d'intérêts des membres, nonobstant la tendance attentiste de la population, les efforts des gens impliqués, particulièrement du conseil d'administration et du personnel permanent, convergent vers un même but, motivés qu'ils sont par cette conviction qu'en y mettant du sien, petit à petit on finira bien par revitaliser la baie Missisquoi. Pas question d'attendre le messie. Est-ce que ce sera chose faite en 2009? La réponse à cette question appartient à toute la population du bassin versant de la baie Missisquoi; pas seulement à la Corporation.

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