Infos sur la Baie Missisquoi

Une solution pourtant si simple... en apparence

Chronique baiemissisquoise
Semaine du 23 mai 2005

Je ne m'étais pas trompé : c'était bien samedi, le 21 mai et j'étais bien à Notre-Dame-de-Stanbridge. Pourtant, je n'ai pas réussi à les repérer. Arrivé au bout du rang Saint-Henri, je me suis un instant laissé impressionner par la gracieuse rivière aux Brochets avant de traverser le pont qui débouche sur la rue Principale. En passant au coeur du village, je me suis rappelé l'odeur du pain qui m'y ramenait chaque semaine au temps du Vieux moulin. Cette arôme en moins, l'endroit n'a pas tellement changé, sauf peut-être le parc.

Rivière aux Brochets à Notre-Dame de Stanbridge

Elle était calme et sereine ce matin-là
la rivière aux Brochets à Notre-Dame de Stanbridge
 

J'ai eu beau longer la rivière jusqu'au vieux pont couvert, le traverser dans le noir, continuer sur le chemin Saint-Charles jusqu'au troisième pont : je n'ai aperçu personne ni de près ni de loin en train de planter des arbres en brise-vent, tel qu'annoncé dans Le Petit Journal de Conservation baie Missisquoi. Était-ce qu'on avait tout annulé à cause du temps pluvieux? Ou le groupe était-il plus loin à l'est ou à l'ouest, dans les terres? Ça m'apprendra aussi de partir sans m'informer suffisamment au préalable, surtout un jour de pluie.

Pour ne pas rentrer bredouille, j'ai pris tout mon temps sur le chemin du retour. Les champs sont encore couleur de terre à cette période-ci de l'année, ensemencés ou prêts à l'être avant de devenir encore une fois pousses, plants puis épis de maïs-grains à perte de vue. J'ai ainsi pu constater aux limites des parcelles que les abords des ruisseaux et des fossés mitoyens étaient une fois sur deux désherbés eux aussi, à nue terre, comme on pourrait dire.

J'avais pourtant lu quelque part en préparant la rubrique à venir sur les bandes riveraines que c'était là une des solutions durables envisagées pour diminuer l'apport de phosphore à la baie Missisquoi et qu'une réglementation viendrait l'imposer dans les municipalités 'participantes'. Et ce, sur la foi d'études scientifiques dont celle menée par l'Institut de recherche en agroenvironnement (IRDA) qui conclut ceci -- et ce n'est pas rien :

«La présence d'une bande de trois mètres réduit de 99,5% la concentration ou la masse d'herbicides qui est exportée du champ. Pour ce qui est des matières en suspension, on obtient des réductions d'environ 85%. Pour l'azote, c'est environ 75% et pour le phosphore, 85%. La bande riveraine est donc très efficace!»


Pont couvert à Notre-Dame de Stanbridge

La rivière aux Brochets a aussi son pont couvert
 

On aura beau faire tout ce qu'on peut pour reboiser les berges des rivières aux Brochets et de la Roche, «quossa donne» si on ne fait pas suffisamment pour empêcher que les ruisseaux et les fossés n'y charrient à chaque pluie les surplus d'azote, de phosphore et d'autres produits en -ides dont on saupoudre généreusement les cultures grandes ou petites. Comme l'écrit Pierre Leduc :

Beaucoup de producteurs et de citoyens protègent la qualité de l'eau en faisant les efforts et en encourant les dépenses nécessaires pour être conformes à la réglementation. Il est tout à fait inéquitable que d'autres nuisent au bien commun en agissant de façon irresponsable sans subir de conséquences.

La Corporation Bassin Versant Baie Missisquoi (CBVBM) a d'ailleurs fait un constat qui va dans le même sens dans un mémoire présenté au Bureau d'audiences publiques en environnement (BAPE) en mars 2003 :

Les mauvaises pratiques d'un agriculteur peuvent annuler les efforts faits par tous les autres dans un sous-bassin versant. Une étude au Vermont a démontré qu'un seul agriculteur a annulé les efforts effectués pour réduire le phosphore en effectuant de mauvaises pratiques lors de l'augmentation de son élevage laitier (50 vaches à 500 vaches, mauvaise gestion des fumiers, déversement de terre dans le cours d'eau).

Dans ce même rapport, la CBVBM cite un document ministériel où l'on affirme qu'il en coûterait un million de $ par année « pour implanter des pratiques de conservation de sols, restaurer les bandes riveraines et suivre la qualité de l'eau et des affluents de la baie Missisquoi. »

Nous sommes en 2005 et, visiblement, il reste encore beaucoup à faire pour que les bandes riveraines deviennent pratique courante. C'est une solution qui apparaît pourtant tellement simple et naturelle...

    P.-S. -- J'ai cherché en vain un document contenant les observations faites lors de la visite des 500 ou 700 (?) fermes du bassin versant de la baie Missisquoi dans le cadre du plan d'action du ministre Mulcair annoncé l'an dernier. Je n'ai pas trouvé non plus les suites qui seront données à cette visite, notamment en ce qui concerne la protection des bandes riveraines. Toute information à ce sujet est la bienvenue.

 

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