Les régates de l'impatience
Est-ce l'effet calmant de l'eau? Est-ce de la résignation? Est-ce la sagesse qui sait compter avec le temps? Toujours est-il qu'un constat s'impose d'emblée : les riverains de la baie Missisquoi sont patients, très patients.
Il y a bien eu il y a deux ans, comme nous en faisions le rappel la semaine dernière, la grève de la faim de Robert J. Galbraith pour la baie... Il y a bien eu des manifestations individuelles d'incrédulité au printemps devant la mort 'naturelle' de milliers de poissons... Il y a bien le Conseil d'administration de la 'corpo' et sa directrice générale qui ont déploré lors de leur assemblée générale annuelle le manque criant de financement pour pouvoir agir... Il y a bien eu la 'Fête de l'eau' où se sont manifestés celles et ceux qui n'ont pas peur de se mouiller... Et puis ce bilan quasi régressif de notre ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs (1,4 M de $ pour la baie en 2003-2004; 1,6 M de $ pour 2003-2005, soit 0,2 M de $ seulement en 2004-2005!) Et puis la publication du rapport State of the Lake par le Lake Champlain Basin Program, où notre baie fait assez piètre figure. Et puis cette vidéo tournée par des jeunes, dont on nous annonce le lancement... Tous ces événements étant chaque fois marqués au coin de la plus grande réserve : les riverains de la baie Missisquoi sont patients, très patients.
On annonce des régates à la baie de Venise en fin de semaine. Du monde à Venise-en-Québec comme dans les belles années dans les campings, les motels, les gîtes et les restos; le vrombissement des hydroplanes, des vagues ça d'haut, des odeurs de bière et de hot-dogs stimés sur la grève; les applaudissements admiratifs des connaisseurs devant les prouesses des champions, les cris et les rires des nouveaux adeptes venus voir tant de hardiesse et de témérité.
Comme si la patience silencieuse avait atteint ses limites chez quelques-unes et quelques-uns. Comme si le développement (durable) ne pouvait attendre jusqu'en 2009. Comme s'il fallait réveiller les riverains « qui s'ensommeillent », comme l'exprime si bien 'L'esprit des Vents' dans son Chant du Lac...
Le débat est officiellement lancé. Dans un communiqué, M. Pierre Leduc, président de Conservation baie Missisquoi, affirme qu'« une telle compétition d'embarcations de forte cylindrée constitue le symbole d'une société dépassée à l'heure de Kyoto et des efforts qui sont demandés à tous en vue de diminuer la pollution environnante. » La mairesse de Venise-en-Québec, Mme Lise Bercy a indéniablement une autre vision puisqu'elle a autorisé l'événement malgré l'opposition de son conseil municipal. L'avenir dira qui des deux membres de l'exécutif de la CBVBM en présence a raison.
Mais une chose est sûre : on peut dire dès à présent que la patience des riverains est mise à rude épreuve par cet événement. Il faudra bien un jour ou l'autre qu'il y ait du développement dans cette région qui n'en peut plus de carburer aux cyanobactéries. Développement durable ou pas? voilà la question. Les régates semblent vouloir marquer un point dans le débat : les riverains de la baie Missisquoi seraient-ils en train de s'impatienter pour faire valoir leur vision du développement?
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