Infos sur la Baie Missisquoi

Baie Missisquoi

La baie Missisquoi est une large échancrure de la rive nord du lac Champlain, nappe d'eau que se partagent le Québec et l'État du Vermont. Cette baie, dont l'ouverture est de 5 km, est rattachée à la municipalité de Venise-en-Québec.

Depuis son apparition au XVIIIe siècle, ce toponyme d'origine amérindienne a connu différentes graphies en raison de la présence à la fois des Abénaquis, des Français et des Loyalistes dans la région. Un des plus anciens documents connus qui font mention du toponyme est celui de la concession faite le 6 avril 1733 à Paul-Louis Dazemard de Lusignan à la «Baie de Missiskouy». Le nom était probablement connu des Français auparavant. Par ailleurs, une correspondance datée du 24 mars 1744 entre Louis XV et Gilles Hocquart, intendant de la Nouvelle-France, mentionne le nom de Baie de Michiscouy. Un autre document officiel en langue anglaise de 1783 utilise Missisqui Bay. Joseph Bouchette orthographie ce nom Missisqui Bay, en 1815, et écrit Mifsiqui Bay sur une carte de 1831.

Ce n'est qu'en 1855, lors des modifications apportées aux comtés électoraux créés en 1853 à l'occasion de la division du Bas-Canada en districts électoraux, que la Législature adopte définitivement la forme Missisquoi pour désigner le comté. Aujourd'hui, cet amérindianyme désigne en plus de la baie, une plage, deux rivières, dont l'une est appelée Rivière Missisquoi Nord et une division d'enregistrement.

L'origine et la signification de cette désignation demeurent incertaines. Selon certains, la baie Missisquoi a toujours été réputée pour l'abondance et la variété de ses oiseaux aquatiques et le mot Missisquoi signifierait beaucoup d'oiseaux aquatiques. Cependant le père Joseph-Étienne Guinard soutient que le toponyme provient du mot algonquin missiskwok et signifie grosses femmes. Selon Joseph Laurent, chef des Abénaquis au XIXe siècle, le toponyme Missisquoi dans la langue moderne des Abénaquis présente la forme Masipskoik et signifie où il y a de la pierre à fusil.

Source: Noms et lieux du Québec, ouvrage de la Commission de toponymie paru en 1994 et 1996 sous la forme d'un dictionnaire illustré imprimé, et sous celle d'un cédérom réalisé par la société Micro-Intel, en 1997, à partir de ce dictionnaire.

 

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Lac Champlain

Lac transfrontalier de 1 269 km² de superficie partagé entre cinq autorités étatiques (le Canada, les États-Unis, le Québec, l'État de New York et celui du Vermont) et situé presque entièrement du côté américain. Seule l'extrémité nord-est du lac, la baie Missisquoi, se trouve en territoire canadien, au Québec. Long de 201 km et large de 0,8 à 23 km, il s'alimente des eaux du lac George et se déverse dans la rivière Richelieu. Les îles y sont nombreuses.

Informé de son existence par les Amérindiens dès 1603, Champlain ne l'explore qu'en 1609 et le baptise Lac de Champlain, cette même année. Le nom géographique connaît une grande stabilité en français. En 1612, une carte de Champlain indique «Lac de champlain». La particule est supprimée dès 1656 sur la carte du Canada de Nicolas Sanson. Les Abénaquis le nomment Pitawbagok, c'est-à-dire au lac du milieu ou au lac double, faisant peut-être allusion, dans ce dernier cas, à la partition géographique du lac causée par la disposition et la dimension de ses îles principales.

Le lac Champlain et sa région ont constitué l'un des pôles principaux des conflits de l'ère coloniale. En premier lieu, le baptême du lac par Champlain en 1609 est mentionné, dans ses récits, immédiatement après l'attaque qu'il a menée avec ses alliés amérindiens contre les Iroquois, sur les bords de ce lac. À cet égard, de même que le Richelieu a porté autrefois le nom de Rivière des Iroquois, on trouve dans les Relations des Jésuites une toponymie d'inspiration semblable pour le lac, soit Mer des Iroquois, Lac des Iroquois, Lacus Irocoisiensis, Lac Hiracoies, Lac Hircacoies, en plus de Lacus Champlinus.

À la fin du Régime français, la région est un théâtre d'affrontement des armées françaises et anglaises au cours de la guerre de Sept Ans. La victoire du général Montcalm au fort Carillon (1758) y demeure l'épisode le plus célèbre. Puis, c'est la guerre de l'Indépendance américaine qui voit se livrer, au lac lui-même, le premier combat naval du conflit. Enfin, en 1814, eut lieu, dans la baie de Plattsburgh, la dernière bataille navale de la guerre anglo-américaine qui avait débuté deux ans plus tôt.

À cette période troublée succède, avec la Révolution industrielle, une ère d'échanges commerciaux et touristiques qui va toujours s'intensifiant, favorisés par la mise en place de grandes infrastructures de transport, incluant le premier chemin de fer canadien, construit dans le but de relier Montréal et le lac Champlain.

Le lac sert encore de nos jours de voie de navigation commerciale, en plus d'attirer de nombreux estivants.

Source : Noms et lieux du Québec, ouvrage de la Commission de toponymie paru en 1994 et 1996 sous la forme d'un dictionnaire illustré imprimé, et sous celle d'un cédérom réalisé par la société Micro-Intel, en 1997, à partir de ce dictionnaire.

 

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Développement durable

Deux définitions du développement durable sont reconnues comme étant les définitions de référence : celle proposée par l'Union mondiale pour la conservation de la nature (1980), pour laquelle « le développement durable est un développement qui tient compte de l'environnement, de l'économie et du social », et celle popularisée par le rapport Brundtland (1987) qui énonce que « le développement durable est un développement qui permet de répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ». On peut dire de ces définitions qu'elles ont été non seulement largement diffusées mais aussi institutionnalisées comme en font foi de nombreux textes officiels.

(...)

Les débats entourant le développement durable s'articulent généralement autour de trois définitions que, par commodité, on peut qualifier de conservatrice, modérée et progressiste. La première définition, conservatrice, est courante dans les discours des gens d'affaires mais aussi de certains responsables gouvernementaux. On y assimile croissance et développement en utilisant notamment les expressions « croissance durable », « rentabilité durable », etc. Cette représentation du développement durable s'appuie sur l'idée que « rentabilité et environnement vont de pair » et nie la contradiction possible entre l'intensification de l'activité économique et la préservation de la biosphère.

La deuxième définition puise sa source dans les travaux de plus en plus nombreux de l'économie environnementale et de l'économie écologique, pour lesquelles le développement durable nécessite un nouvel arrimage entre l'économie et l'écologie. Celui-ci pourrait se faire à travers l'internalisation des externalités pour les tenants de l'économie environnementale, ou la refondation des principes économiques en regard des logiques écosystémiques qui caractérisent les régulations naturelles pour l'économie écologique. Mais en prônant la croissance zéro, cette seconde proposition n'emporte pas une large adhésion si bien que la définition modérée du développement durable s'articule surtout autour du projet d'internalisation des coûts, sans toutefois élaborer sur les dimensions politiques et sociales des stratégies de mise en oeuvre d'une telle internalisation.

La troisième définition, dite progressiste, inclut la dimension du social comme élément incontournable du développement durable et se traduit par une conception tripolaire où le social acquiert une importance égale à l?environnement et à l'économie. Popularisée par l'Union mondiale pour la conservation de la nature et explicitée par plusieurs chercheurs, la conception tripolaire du développement durable s'est aujourd'hui institutionnalisée au point d'être reprise par la plupart des textes officiels et de servir de définition de référence, comme l'illustre bien le Plan de développement durable du Québec.

Toutefois, même si elle est souvent présentée comme la définition la plus progressiste, ou encore la plus conforme à l'esprit du développement durable, nous avons montré ailleurs que dépendamment des interactions qui sont postulées entre l'économique, le social et l'écologique, la définition tripolaire peut se ramener à la perspective conservatrice, modérée ou, au contraire, ouvrir la voie à une véritable prise en compte du social. Ainsi, le postulat d'une interaction fondée sur l'hypothèse dite de soutenabilité faible permet des substitutions entre le capital « humain » et le capital naturel, de telle sorte que la dégradation écologique peut être compensée dans ce modèle par une avancée économique. L'hypothèse de soutenabilité forte interdit cette substitution et le modèle de développement durable qu'elle sous-tend repose sur le nécessaire maintien d'un capital écologique donné. Ces deux hypothèses de soutenabilité confondent néanmoins les pôles économique et social, alors qu'un pôle social indépendant suppose la reconnaissance d'une dissociation entre la croissance économique et le développement social. On comprend dès lors que le développement durable se pose en plus ou moins grande contradiction avec le développement industriel traditionnel selon la définition qu'on lui donne.

Il n'en reste pas moins que même dans ses définitions plus conservatrices, la diffusion du concept de développement durable traduit un renouvellement de la pensée sur le développement quant à quelques éléments clefs. D'une part, les ressources
naturelles et la capacité de charge de la biosphère ne peuvent plus être ignorées et doivent être, d'une manière ou d'une autre, prises en compte dans la planification et les stratégies de développement. D'autre part, les irréversibilités introduisent le long ou le très long terme dans un processus décisionnel qui était jusqu'alors axé sur le présent. L'environnement ne peut plus être totalement instrumentalisé dans un schéma de ressources et acquiert le statut surdéterminant de support à la vie (life support). De plus, en rupture avec les postulats rostowiens, la reconnaissance, même uniquement sémantique, d'un pôle social indépendant du pôle économique illustre la dissociation aujourd'hui admise entre l'économie - et plus spécifiquement la croissance économique - et le développement. Enfin, l'émergence des problèmes environnementaux globaux tels que les changements climatiques ou la préservation de la biodiversité consacre l'interdépendance entre les pays, tout spécialement ceux du Nord et ceux du Sud.

Mais dans la mesure où on souhaite lui donner un véritable contenu et traduire la rupture qu'appellent les défis de la problématique environnementale, le développement durable repose sur un agencement hiérarchisé de ses trois pôles environnemental, économique et social, à travers lequel le développement respecte l'intégrité de l'environnement en préservant les grandes régulations écologiques (climat, biodiversité, eau, etc.), contribue effectivement au mieux-être des personnes et des sociétés et instrumentalise l'économie à cette fin.

Bref, l'intégrité écologique est une condition, l'économie un moyen, et le développement social et individuel une fin du développement durable, alors que l'équité en est à la fois une condition, un moyen et une fin. La mise en oeuvre du développement durable suppose par ailleurs un système de gouvernance qui assure la participation de tous aux processus de décision et permet l'expression d'une éthique du futur grâce à laquelle sont prises en compte les générations à venir.

« Le Québec à l'ère du développement durable », par Corinne Gendron, dans Options politiques, juillet-août 2005

 

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