Le BAPE : Repensez plutôt avec les collectivités touchées comment améliorer la route 133

La Commission du BAPE sur le prolongement de l'autoroute 35 vient de rendre public son rapport dans lequel elle propose que soit évaluée, en priorité et avec les collectivités touchées, la possibilité d'améliorer de façon substantielle la route 133 entre Saint-Sébastien et Saint-Armand plutôt que de construire le segment autoroutier prévu par le ministère des Transports : aucune des variantes examinées pour ce segment n'est acceptable pour les commissaires, tant sur le plan de l'économie que celui de la protection du milieu biophysique et de la vocation agricole de la région.

Après avoir écouté la population et reçu des dizaines de mémoires lors d'audiences publiques tenues en décembre dernier, la Commission arrive à une double conclusion : oui pour le prolongement du segment nord; non pour le segment sud. Autant pour des raisons économiques et démographiques, l'achalandage routier anticipé justifie la construction d'une nouvelle route de Saint-Jean-sur-Richelieu à Saint-Sébastien; autant, plus au sud, la construction d'une autoroute constituerait plutôt une menace pour l'économie locale et la vocation agricole de Pike River, pour le milieu biophysique environnant la baie Missisquoi et pour la qualité de vie des citoyens de Philipsburg à Saint-Armand.

Les commissaires Claudette Journault et Lucie Bigué ont visiblement basé leur analyse du projet de parachèvement de l'autoroute 35 sur deux axes fondamentaux : l'application des principes du développement durable objet de la récente Loi 118 votée par l'Assemblée nationale le 13 avril dernier et l'écoute des observations soumises lors des audiences publiques par la population des milieux concernés. Leur rapport est à la hauteur des attentes qu'on fait naître la création de cette commission l'an dernier : il exprime fort bien comment le projet du ministère des Transports a été accueilli par la population de la région.

Reste à voir comment à leur tour les ministres du Développement durable et des Transports accueilleront ce rapport... Nous souhaitons qu'ils y adhèrent d'emblée. Il nous restera alors à relever l'audacieux défi démocratique que nous lancent les commissaires :

La commission est d'avis qu'aucune des variantes examinées pour le segment compris entre Saint-Sébastien et la partie nord de Saint-Armand n'est acceptable, tant sur le plan de l'économie que de la protection du milieu biophysique et du milieu agricole. Elle propose que soit évaluée, en priorité et avec les collectivités touchées, la possibilité d'améliorer de façon substantielle la route 133 dans ce secteur plutôt que de construire le segment autoroutier.

La région de la baie Missisquoi se voit ainsi offrir de créer la première route du développement durable au Québec.