Du Parc Orford à la baie Missisquoi

Y a-t-il un lien entre ce qui se passe au Parc Orford et la baie Missisquoi? À prime abord et dans l'immédiat : non. Mais en y réfléchissant un peu plus et en nous projetant un tant soit peu dans l'avenir : oui.

Le conflit du Parc Orford oppose environnement et développement. Un bel environnement entraîne inévitablement des projets de développement; or, ces projets peuvent difficilement être réalisés sans compromettre l'intégrité de l'environnement et du paysage. Développement et environnement ne peuvent faire bon ménage sans compromis. Ce compromis a un nom : développement durable. Encore faut-il s'entendre sur sa définition et sur ses modalités d'application... On pourrait en parler longtemps, mais c'est aux gens d'Orford d'en arriver à une solution viable.

La région de la baie Missisquoi est-elle à l'abri d'un tel conflit? Selon toute apparence, aucun projet de développement ne semble vouloir menacer son intégrité. À court terme, du moins. Car les apparences sont trompeuses et changeantes. Dans quelques années, si les multiples plans de revitalisation se réalisent, les conditions environnementales vont changer du tout au tout : l'eau redeviendra saine et facilement accessible par une autoroute... Ajoutez à cela le fait que le lac 'concurrent', près du Parc Orford, est déjà construit à saturation. Lentement mais sûrement, tout est en train de se mettre en place pour qu'un jour des développeurs surgissent dans la région de la baie Missisquoi.

Et c'est normal. C'est même souhaitable : la stagnation économique n'est pas une option. Ce développement pourra-t-il se faire sans conflits et sans heurts? Ce qui se passe à Orford devrait nous amener à aborder cette question avec lucidité, c'est-à-dire en agissant en amont. Nous avons le temps de voir venir et de prévenir en favorisant un dialogue ouvert sur ces questions dans la région. En se parlant, en s'écoutant, en se consultant, en se concertant... avant plutôt qu'après. Il est encore temps d'établir un cadre de développement dans la région de la baie Missisquoi, qui respecte l'environnement et le paysage. Il doit bien y avoir moyen d'éviter de répéter bêtement nos erreurs passées et celles des autres.

À lire, dans la même veine : Affrontement durable, par Georges-Hébert Germain, dans lactualité.com. En voici un extrait :


Le lac et le mont sont devenus des endroits quasi mythiques, infiniment prestigieux. Et c'est désormais, pour beaucoup de gens, l'environnement social qui compte d'abord. Avoir une maison (un condo, un shack, n'importe quoi) au bord du lac, à proximité du parc ou, à défaut, quelque part dans cette magnifique région est devenu un must, un indice de réussite. Il y a là une perversion du paysage, qu'on aime bien souvent non plus pour lui-même, mais pour ce qu'il représente. Il est devenu un symbole. Et la pression ne cesse d'augmenter. Ce qui faisait le charme des lieux ? ordre et beauté, luxe, calme ? se perd peu à peu. Un jour, qui n'est peut-être pas si lointain, le pourtour du parc du Mont-Orford pourrait être lourdement urbanisé, comme l'est maintenant celui du lac aux abords de Magog.