Évaluation environnementale pour le parachèvement de l'autoroute 35 (réf. CÉE : 05-03-12245)

(par courriel)

Madame Claire Michaud, Gestionnaire de projets,
Évaluation environnementale, projets routiers
Transports Canada
901 Cap Diamant
Québec QC G1K 4K1

Bonjour.

Hier, 21 septembre 2005, s'achevait la période de consultation de l'Agence canadienne d'évaluation environnementale sur le «document de détermination de la portée de l'évaluation environnementale dans le but de préparer le rapport destiné au ministre de l'Environnement (...) et de finaliser la portée de l'évaluation environnementale», «puisque le projet de construction de la voie publique (autoroute 35) se situe en partie dans le refuge d'oiseaux migrateurs de Philipsburg». (Extrait du document Ébauche de détermination de la portée de l'évaluation environnementale fédérale - Parachèvement de l'autoroute 35 : http://www.ceaa-acee.gc.ca/050/documents/10282/10282F.pdf)

J'ignore si mon intervention est pertinente dans le cadre de cette consultation, j'ignore si elle est recevable en ce 22 septembre, mais je tiens quand même à vous en faire part à la fois personnellement et publiquement via le webmagazine Ici la baie Missisquoi, compte tenu de l'importance de ce projet pour l'avenir de notre région.

Ce que j'ai à vous dire concerne la durée, le moment et l'objet de cette consultation -- objet défini par règlement (Règlement sur la liste d'étude approfondie, article 2i).

1. La durée : insufffisante
Pour faire une intervention sérieuse, il faut au moins avoir parcouru la documentation relative au projet de construction. Trois semaines pour ce faire était nettement insuffisant pour que les citoyennes et les citoyens puissent étudier la question et se prononcer tout en remplissant bien d'autres obligations. D'autant plus que cette documentation n'a été rendue disponible par le BAPE que tout récemment à l'Hôtel-de-ville de notre municipalité, plus précisément il y a trois jours, le 19 septembre.

2. Le moment : très mal choisi
La période de consultation a eu lieu entre le 30 août et le 21 septembre 2005. Cela ne pouvait plus mal tomber : c'est comme si vous l'aviez fait exprès. D'abord parce dans le milieu agricole qui est le nôtre, c'est la période des récoltes, période pendant laquelle il ne reste pas beaucoup de temps aux gens qui y travaillent pour s'occuper d'autre chose. Et puis, surtout, parce que ces trois semaines sont placées juste avant les élections municipales de novembre, à la toute fin du mandat de nos représentants municipaux à qui personne ne reprochera d'avoir d'autres préoccupations à ce moment-ci : pourquoi ne pas avoir attendu après novembre, au moment où le nouveau conseil municipal sera en place pour les prochaines trois années, motivé alors à s'impliquer dans le projet d'autoroute avec lequel il aura un jour ou l'autre à composer.

3. L'objet : tellement limité
Que l'Agence canadienne d'évaluation environnementale soit préoccupée par le sort du refuge d'oiseaux migrateurs de Philipsburg est fort louable. Mais en même temps, il est très décevant de constater qu'en 2005 l'Agence fédérale n'ait pas une préoccupation plus large et plus de notre temps, celle des répercussions qu'aura l'autoroute 35 sur le développement durable dans notre région. Quelles en seront les effets sur la conservation de la faune et de la flore, oui; mais pourquoi pas quelles en seront les effets sur la population qui y habite, sur la qualité de vie des gens qui persistent à y demeurer malgré une économie fragilisée notamment par la pollution de la baie Missisquoi et le virage agro-industriel? L'autoroute 35, une fois achevée, contribuera-t-elle à solutionner nos problèmes socio-économiques ou à les amplifier et à les multiplier? L'avenir de la population d'ici -- voyez les statistiques de notre dépeuplement en chute libre -- n'est-il pas aussi menacé et plus peut-être que la faune et la flore du Refuge de Philipsburg qui fait partie de nos fiertés?

Voilà ce que je voulais vous dire. Quant à faire une consultation publique -- et pour le même prix dont nous sommes contribuables --, pourquoi ne pas la faire sérieusement?

Jean Trudeau
Citoyen de Saint-Armand

cc : Me Denis Paradis, député de Brome-Missisquoi