Patiemment, inlassablement... Conservation baie Missisquoi

Dimanche matin, 18 septembre 2005, 10 heures. Conservation baie Missisquoi avait convoqué ses quelque 200 membres à son assemblée générale annuelle au Domaine Florent, à Venise-en-Québec.

Une quarantaine parmi eux sont venus, qui saluer le président sortant Pierre Leduc, qui en savoir plus sur le prix Teddy Roosevelt décerné la veille à l'organisme, qui s'informer des activités de conservation en cours et de la vitalité de CBM, qui assister au visionnement de la vidéo produite par des jeunes du 'Boum', Baignade interdite, qui, comme moi, observer ce qui peut bien motiver les membres de Conservation baie Missisquoi à agir patiemment, inlassablement depuis 16 ans -- 16 ans! -- pour que le lac survive à l'indifférence quasi générale des 23 000 habitants du bassin versant.

Domaine Florent à Venise-en-Québec

Seize ans, année après année, bénévolement, à convaincre la population de réduire et de contrôler l'usage fait du phosphore, à alerter les gouvernements des conséquences désastreuses de la prolifération des cyanobactéries dans la baie sur la santé, le moral et l'économie de la région périphérique... Seize ans à se retrousser les manches, à se salir les mains et à se mouiller les pieds pour reboiser les rives, nettoyer les berges, protéger les refuges naturels des tortues molles... bref, à réparer les conséquences de comportements anti-écologiques inacceptables de voisins inconscients.

Tant d'actions positives, mais avec quels résultats dans la baie? « Encourageants! », dira le président sortant Pierre Leduc en présentant le bilan de l'année 2004-2005, « le gouvernement a décrété la fin de l'expansion des surfaces de culture dans notre bassin versant; il y a eu moins de cyanobactéries dans la baie, quoiqu'on ne sache pas si cela va perdurer, les scientifiques n'arrivant pas à expliquer le phénomène; les plantations de brise-vent faites ces derniers mois tiennent le coup (sauf celle du village de Saint-Armand, fauchée par mégarde, mais que le Conseil municipal s'est engagé à remplacer...); le Vermont a annoncé qu'il va de l'avant avec l'enlèvement de la jetée entre Swanton et Alburg, mais cela pourrait prendre du temps car il y a tout un processus d'autorisations qui doit précéder...; quant à nos gouvernements, nous allons continuer à leur rappeler leurs engagements...; là où nous avons fait un grand pas, c'est dans notre collaboration intensive et fructueuse avec les riverains du Vermont qui ont maintenant leur organisme frère de conservation, Friends of Missisquoi Bay! »

C'est d'ailleurs conjointement avec ces derniers que Conservation baie Missisquoi s'était vu la veille décerner le Teddy Roosevelt Award, un prix reconnaissant les efforts déployés pour améliorer l'environnement du lac Champlain. Un prix d'autant plus significatif que depuis sa création il y a 5 ans, il a été remis à trois sénateurs (Dick Mazza, Patrick Leahy et Jim Jeffords) et au Directeur général du Musée maritime du lac Champlain, Art Cohn. Pierre Leduc pour CBM en est donc le premier récipiendaire québécois!

Mais prix ou pas, la vie continue... Nathalie Fortin présente ensuite un plan d'action pour 2005-2006 : poursuite des activités de reboisement avec le ministère de l'Agriculture, des Pêches et de l'Alimentation, accroissement des interventions en vue de réduire le phosphore particulièrement en milieu agricole où on questionnera la règlementation ainsi que les méthodes d'épandage et de traitement des fumiers, accroissement des activités de sensibilisation auprès de la population afin de faire prendre conscience à chaque personne qu'elle a sa part de responsabilité dans la qualité de l'eau...

  
Les membres du conseil exécutif de CBM pour 2005-2006 :
Yvan Sinotte, Richard Magnan, Pierre Leduc, Martin Landreville (trésorier), Nathalie Fortin (présidente), Louis Hak (vice-président)
et Ghislain Prince (secrétaire)

L'assemblée s'est terminée avec l'élection des sept membres du conseil d'administration pour l'année qui vient. Tous volontaires, ils sont, ça se voit, déterminés à poursuivre le travail de restauration de la qualité de l'eau de la baie Missisquoi, patiemment, inlassablement... parce qu'ils y croient et parce que, eux aussi, ils aiment tellement cette magnifique région du lac Champlain et ils voudraient tellement que la baie qui en est le coeur retrouve toute sa vitalité.

Photos : Ici la baie, 05-09-18