Connaissez-vous la rivière de la Roche?

La rivière de la Roche est une vlimeuse. Au pont du chemin Saint-Armand juste en bas de chez Trudeau elle fait le torrent impétueux; moins d'un kilomètre plus bas elle devient méandres pleins de paresse.

De chez Beaulac vers la frontière avant le lac en passant par chez Bellefroid, Wade, Dalpé, puis chez nous et chez Pelletier elle doit bien multiplier dix fois la longueur du trajet. Elle profite de tout ce temps pour raconter n'importe quoi. Elle fait l'importante comme si elle était un grand fleuve et la baie Missisquoi la mer.


La 'canado-américaine' rivière de la Roche
(Carte : site de la CMI)

Une journée de crue, si le vent vient du sud et gonfle les eaux de la baie, il se produit un reflux sur la rivière; de la marée à Saint-Armand tente-t-elle de nous faire croire. Il faut voir alors comme elle coupe ses méandres et fonce en droite ligne créant des lacs là où il y avait une rivière et un fleuve là où il y avait des champs.

Pas étonnant que ces mouvements de va-et-vient aient créé dans ce faux delta de grandes perturbations. Les rives sont battues, les champs érodés. Des troncs amenés de l'amont ou de l'aval se rencontrent et créent des embâcles qui à leur tour provoquent de nouvelles érosions des rives. Même les arbres dits de rivière, stupides érables à Giguère, grands saules noirs à la tête pleine d'eau, font du dégat. Arrivés à leur grosseur ils se mettent à pencher, puis à tomber en créant de leurs corps de nouveaux embâcles et de leurs racines plus d'érosion.

Avec Jean-Pierre Bonin du MAPAQ et les ami-e-s de Conservation Baie Missisquoi, mon frère Claude a lancé une corvée. Plusieurs journées ont été consacrées à enlever les corps morts autour de la rivière pour libérer son cours normal. Les bûcherons ont aussi pris de l'avance en coupant des arbres penchés avant qu'ils ne tombent.

[Le 28 mai 2005, nous avons réorganisé] la bande riveraine en y intégrant des essences plus nobles qui résisteront aux mouvements désordonnés de la rivière tout en fournissant ombre aux poissons et protection face à l'érosion.

Un des espoirs est que ces arbres et arbustes pourront fournir éventuellement travail et détente aux exploitants de la ferme par les billots que nous bûcherons et les petits fruits et noix que nous ramasserons.

Cette modeste expérience de remise en état des berges de rivière dégradées permettra de montrer qu'il est possible de réaliser d'excellents projets pour l'amélioration de l'environnement tout en agissant en concertation et même dans l'intérêt des producteurs agricoles riverains.

Nous aurons bientôt l'occasion de vous inviter à une dégustation de confiture de baies de la rivière. Vous remercierez alors les ami-e-s de Conservation Baie Missisquoi pour la recette.

Source : « Projet de plantation et de nettoyage de la rivière de la Roche », par Charles Benoît dans Le Petit Journal de Conservation baie Missisquoi, mai 2005. Reproduit avec l'autorisation de CBM.